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Séminaire « Les logements tremplins, intérêts, limites et spécificités pour les personnes réfugiées »

Un séminaire sur les logements tremplins s’est tenu dans nos locaux le 18 mai, réunissant une soixantaine d’agents et partenaires du GIP Habitat et Interventions Sociales.

Il a permis de présenter ces dispositifs de logements temporaires qui ont pour objectif de permettre aux personnes qui en bénéficient d’accéder à un logement pérenne, en mettant fin à leur parcours d’hébergement et en leur proposant un accompagnement individualisé.  Organisé autour de deux tables rondes successives, suivies de temps d’échanges, cet événement fut notamment l’occasion d’exposer les résultats de l’enquête du GIP HIS sur trois expérimentations à destination des personnes isolées réfugiées.

(Voir la synthèse de l’étude sur 3 expérimentations à destination des personnes isolées bénéficiaires de la protection internationale).

 

La première table ronde a présenté le fonctionnement des logements tremplins, questionné leur intérêt et leurs limites, quand la seconde s’est attachée au public réfugié et ses spécificités au sein de ces dispositifs. Chaque table ronde a commencé par un film introductif, présentant le témoignage de bénéficiaires sur leur accompagnement en logement tremplin et leur parcours de relogement.

(Voir programme ci-dessous)

Trois intervenantes extérieures étaient invitées à présenter leurs expériences : Agnès Bladou, directrice générale de la Fondation Lebaudy, Mélanie Forestier, chargée d’accompagnement social chez Immobilière 3F77 (conviée dans le cadre de l’expérimentation d’intermédiation locative en Seine et Marne) et Gwénaëlle Obertan, travailleuse sociale chez Aurore pour Solibail Réfugiés.

Ces trois dispositifs, sur lesquels intervient le Groupement, diffèrent dans leurs modalités d’accès et leur fonctionnement, notamment en termes de durée d’accueil. Si la Fondation Lebaudy met ses studettes à disposition du GIP HIS et des personnes qu’il accompagne pour une durée de 12 mois, renouvelable une fois, l’expérimentation d’intermédiation locative (IML) prévoyait la mise à disposition de logements pour 6 mois, renouvelable une fois. Solibail Réfugiés et la mission IML ne s’adresse qu’aux personnes réfugiées, ce qui n’est pas le cas de la Fondation Lebaudy. Les publics accueillis ont en revanche en commun d’être déjà inscrits dans un processus d’insertion, sont en emploi ou engagés dans un parcours d’insertion professionnelle.

Un de nos chargés de relogement a expliqué l’importance du travail de sélection des dossiers et d’orientation des candidats, qu’il mène en collaboration avec les travailleurs sociaux du Groupement.  Afin d’assurer une orientation pertinente, vers l’un ou l’autre des dispositifs, un travail approfondi de chaque candidature est réalisé, qui prend notamment en compte la complétude des dossiers et la faisabilité du projet de relogement. La sélection d’un candidat demande de trouver un équilibre entre son besoin d’accompagnement et sa capacité à être relogé dans les délais prévus par le dispositif qu’il intègre.

Un logement à soi

Les résultats de l’enquête menée par notre service Formation, Observation et Développement auprès de personnes hébergées dans un logement tremplin et d’acteurs des dispositifs, ont été corroborés par les expériences de terrain remontées lors du séminaire.

A noter en premier lieu l’importance pour toutes les personnes interrogées d’avoir enfin un logement à soi, qui leur offre la possibilité de se reposer et de se poser, après des séjours parfois longs en structures d’hébergement ; il leur est désormais possible de commencer à se projeter et de pleinement s’atteler à des démarches d’insertion.

L’accompagnement proposé par les travailleurs sociaux, qui a pour objectif de stabiliser les situations et d’enclencher un parcours d’accès au logement, est à cet égard essentiel. Cet accompagnement vise à permettre aux personnes d’être autonomes une fois qu’elles entreront dans un logement pérenne : démarches liées à l’entrée dans le logement (compteur, gaz, eau…), compréhension des documents administratifs, gestion budgétaire, etc.

Un dispositif particulièrement adapté au public réfugié

Le logement tremplin s’avère particulièrement adapté aux personnes réfugiées. Il leur permet de démarrer un parcours résidentiel qu’elles n’ont en général pas connu dans leur pays d’origine et de se familiariser avec le système locatif français, à travers des choses très concrètes (ouverture d’un compteur, constitution d’un dossier de demande de logement, règles du savoir-habiter…). L’accès à ce logement et l’accompagnement social leur donnent la possibilité d’une façon plus générale de consolider leur parcours d’insertion, notamment en termes d’emploi, de formation professionnelle, élément essentiel pour pouvoir accéder à un logement.

Gwenaëlle Aubertan, travailleuse sociale chez Aurore et qui accompagne des personnes réfugiées orientées par le GIP HIS vers Solibail Réfugiés, a souligné la grande motivation de ce public, très entreprenant dans ses démarches. On constate d’ailleurs une rotation plus importante dans le dispositif Solibail Réfugiés que dans le Solibail généraliste, les personnes étant relogées plus rapidement.

Un accompagnement à renforcer

L’enquête et les échanges entre les participants du séminaire ont souligné le besoin de renforcer encore l’accompagnement, notamment pour les personnes réfugiées. Si l’étude a montré que l’accompagnement réalisé par les équipes sociales est considéré par les personnes interrogées comme nécessaire et utile, elles sont nombreuses à désirer qu’il se poursuive une fois le relogement réalisé. La fin de l’accompagnement peut en effet être source de difficultés ; les bénéficiaires ont souvent besoin d’un appui ponctuel et peinent à trouver les interlocuteurs adéquats qui pourraient les aider, par exemple dans leur démarche de regroupement familial. Ils se tournent alors vers les travailleurs sociaux qui les ont accompagnés. Ceux-ci ont ainsi expliqué que s’il n’est en théorie pas prévu d’accompagnement post relogement, certaines personnes, en perte de repères, font fréquemment appel à eux une fois relogées.

Plus globalement, l’étude invite à mieux prendre en compte les spécificités et besoins du public réfugié (réunification familiale, emploi, trouver des cours de français afin d’améliorer un niveau de maîtrise de la langue souvent insuffisant) et à lui permettre de mobiliser des ressources, associatives ou autres. Par exemple, en mettant davantage l’accent sur la mise en lien avec les acteurs de terrain proches du logement, en développant lorsque cela est possible des partenariats avec ces derniers.

 

Il ressort de ce séminaire que le dispositif de logements tremplins s’avère adapté à des publics aux ressources limitées et ayant besoin de se stabiliser et de consolider leurs projets de vie et d’insertion professionnelle avant de pouvoir intégrer un logement pérenne.

En proposant un logement individuel et un accompagnement adapté, les logements tremplins facilitent la réinsertion professionnelle et sociale de personnes ayant connu un long parcours d’errance et d’hébergement. Ils s’inscrivent ainsi pleinement dans la politique du Logement d’Abord.